Congrès financier et immobilier 2018 : rétrospective

D’entrée de jeu, l’ancien ministre allemand des affaires étrangères, Joschka Fischer, a livré son analyse sur la situation géopolitique. Pour lui, il est évident que l’Europe secouée par la crise doit redéfinir sa place dans le nouvel ordre mondial. Tandis que les Etats-Unis, en prenant congé de l’ordre mondial actuel, laisseront un vide. La Chine cherchera-t-elle à le combler ? Joschka Fischer estime que l’Europe restera à la pointe en matière de recherche et de sciences mais ne sera pas à la hauteur des Etats-Unis et de la Chine an matière d’innovation. Il est cependant convaincu que l’Europe est notre avenir. Car les cultures différentes peuvent s’y déployer en harmonie, comme le montre l’exemple suisse.

Le correspondant de la RTS aux États-Unis, Peter Düggeli, habite déjà depuis trois ans à Washington. Le journaliste a donné un aperçu de ses conditions de vie et de logement dans la capitale américaine. Ses deux fils y sont scolarisés dans une des meilleures écoles, un privilège que beaucoup d’habitants ne connaissent pas. La ségrégation sociale y est en effet encore une réalité. Le premier président noir à la maison blanche n’est plus qu’un pâle souvenir. C’est là un des autres impacts puissants de son successeur dont les tweets co-façonnent la politique mondiale. Peter Düggeli a interrogé quelques électeurs pro-Trump sur leurs motivations. Beaucoup ont invoqué leur frustration face à la politique. Pour les citoyens aisés, il est un partisan des baisses d’impôts dans la pure tradition républicaine, alors qu’aux yeux des chômeurs, ses messages protectionnistes laissent miroiter de nouvelles lueurs d’espoir.

Reiner Eichenberger, professeur de finance à l’Uni Fribourg, passe pour être un des économistes les plus influents de Suisse. Il est connu pour ses prises de parole à la télévision et dans la presse. Sa présentation au congrès financier et immobilier était consacrée à la question existentielle, pour la politique suisse, de la relation à l’Union européenne. Reiner Eichenberger n’a pas hésité à aborder des thèmes brûlants, tel celui de la libre circulation des personnes, et à formuler des approches inédites. En complément de cet exposé, les deux spécialistes du CIFI, Stefan Brüesch et Simon Hurst, ont présenté les dernières interventions politiques potentiellement porteuses de répercussions sur le marché de l’immobilier.

Le très médiatique psychologue Thomas Müller est connu pour s’attaquer à certains clichés concernant des cas criminels qui, déclinés en d’innombrables séries et romans, font désormais partie de notre patrimoine. Lors de ce même congrès, Thomas Müller s’est attelé à des questions universelles. Comment les gens se libèrent-ils d’une situation de crise ? Selon quelles lois fonctionnent les crises ? En combinant humour, lucidité et scènes de la vie de tous les jours, Thomas Müller a captivé tout l’auditoire.

Puis, c’est avec beaucoup de verve et d’enthousiasme que Donato Scognamiglio, CEO du CIFI, a présenté les plus récents faits et chiffres relatifs au marché immobilier suisse. Après 20 années de croissance, le marché immobilier suisse est particulièrement sous pression, ce qui n’exclut pas un retournement de tendance lors de ces prochaines années. Parmi les facteurs pesant sur le marché de la location de logement, il faut citer l’augmentation du taux de vacance et la baisse des loyers. Vient s’ajouter un facteur aggravant : la poursuite d’investissements massifs dans ce segment de marché dû à la persistance des taux bas et à l’absence d’opportunités d’investissement alternatives. Face à cette situation, il ne faut actuellement pas exclure qu’une hausse de 1 pourcent génère déjà de fortes pertes de valeur pour des objets de rendement.

Les exposés des experts immobiliers du Crédit Suisse, Ulrich Braun et Dr Christoph Schumacher, ainsi que celui de Patrick Deflorin, responsable assurance et membre de la direction de la Mobilière, ont très utilement complété ce congrès.